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Une cueillette méconnue

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Parmi les nombreuses spécificités de l'estuaire de la Gironde, il en est une plutôt méconnue : la cueillette du jonc. Cette plante, ne se récolte en effet que sur les communes de Saint-Ciers-sur-Gironde et Braud-Saint-Louis. Il faut dire que la tourbe des marais qui bordent l'estuaire est une terre particulièrement propice à son développement.

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Cette cueillette, unique en France, s'effectue du 14 juillet au début du mois de septembre, lorsque les végétaux sont mûrs, que l'état du marais le permet et que le soleil est présent. Autrefois fauché à la main, le jonc est aujourd'hui récolté grâce à une faucheuse à section. Le nettoyage et le triage s'effectuent toujours manuellement. Les bottes de jonc sont saisies par le haut et secouées pour faire tomber un maximum de mauvaises herbes. Puis vient l'étape du séchage. Les tiges sèchent naturellement au soleil et sont régulièrement retournées. Il faut compter environ deux semaines de temps de séchage. Un dernier tri puis le jonc est rassemblé en bottes. Grâce à la trancheuse, on confectionne des bottes de 65 centimètres de circonférence. Les longueurs sont elles aussi calibrées : allant de 50 à 70 centimètres. Il ne reste plus qu'à les commercialiser.

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Destiné à l'attache des vignes

 

Le jonc mis en bottes est essentiellement destiné à l'attache des vignes dans les régions viticoles. Souple, fort, et naturel, il est utilisé par les viticulteurs et constitue une attache "bio". Cette plante est également utilisée pour la vannerie : rempaillage des sièges, chapeaux, paniers et la fabrication de "paillons", sorte de tapis végétaux qui permettent d'égoutter les fromages.

 

Aujourd'hui, une dizaine de producteurs récoltent du jonc sur les terres du blayais. Toute leur récolte est livrée à la Coopérative agricole de jonc du Blayais créée en 1967 par quelques agriculteurs. C'est cette coopérative qui se charge de commercialiser le jonc en France. La botte est payée environ 7 euros net au producteur. Un prix relativement élevé qui s'explique par l'importance de main d'œuvre que nécessite la récolte du jonc (comptez une heure de travail pour une botte de jonc) et par les difficultés que le secteur rencontre.

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Un secteur qui s'essouffle

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Comme l'explique Rémi Gillard, le président de la coopérative, les agriculteurs ne produisent aujourd'hui plus que 3 000 bottes par an, contre 400 0000 au moment de la création de la coopérative qui réunissait à l'époque 400 producteurs. Le jonc était en effet très demandé et s'envoyait par chemin de fer depuis Saint- Ciers puis par camions. Il s'exportait même à l'étranger.

 

Aujourd'hui, le secteur est en crise, la consommation et l'utilisation du jonc étant en nette baisse. De nombreux concurrents proposent par exemple des attaches moins chères, réalisées en fibre synthétiques. La récolte du jonc peine également à se renouveler. Les nouvelles générations s'en désintéressent. Pourtant tous les ans, il y a une quantité formidable de jonc, mais la superficie de production diminue, les producteurs préférant privilièger les terrains pour les céréales.

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Matériau noble, production locale, à l'heure du développement durable, le jonc pourrait pourtant bien revenir à la mode... 

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© Claude Buniselli
© Jorina Poirot
Rémi Gillard, président de la coopérative des producteurs de joncs
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