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Cinq choses à savoir sur la drague

 

L’estuaire de la Gironde amasse chaque année des milliers de sédiments qui viennent se déposer au fond de l’eau. Des bateaux, "les dragues", sont chargés d’évacuer le chenal de navigation pour permettre aux navires d’atteindre les différents ports. Explication de Julien Mas, chef du département environnement du port Grand port maritime de Bordeaux. 

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Pourquoi faut-il draguer l’estuaire ? 

 

La Dordogne et la Garonne amènent chaque jour dans l’estuaire de la Gironde des matières en suspension, appelées limons. Ces matières ramenées au moment des crues, se retrouvent confrontées, d’une part, à la marée,  et d’autre part, à la salinité de l'eau de l’océan qui rentre dans l’estuaire lors de chaque marée. Tout cela crée ce qu’on appelle le "bouchon vaseux", une zone qui peut s’étendre sur plusieurs kilomètres et  fortement propice à cette sédimention. À cet endroit, les sédiments vont se déposer au fond de l’eau et s’accumuler. Le rôle de la drague est de nettoyer le chenal de navigation afin de permettre aux navires d’arriver jusqu’au port de Bordeaux sans difficulté. 

 

Comment ça marche ? 

 

Aujourd’hui, deux dragues naviguent en tout temps sur le chenal de navigation de l’estuaire qui s’étend sur 130 kilomètres, du pont de pierre à l’embouchure. La plus imposante des deux, l’Anita Conti, fonctionne comme un aspirateur. Lorsqu’elle arrive sur une zone à forte concentration de sédiments, elle met en route ses énormes pompes qui vont alors aspirer le mélange eau-sédiments. Elle remplit ainsi une cuve de 2 800 mètres cubes. Lorsque celle-ci est pleine, elle cesse l’aspiration et se dirige vers une "zone d’immersion", des zones qui ont l’avantage d’être dispersives, c’est-à-dire que le sédiment que l’on y dépose est directement repris par la marée et qu’il ne s’accumule pas. Pourquoi rejetons-nous les sédiments dans l’estuaire ? C’est une question d’équilibre du système,  ce qu’on enlève, on le remet. La seconde drague, la Maqueline, est plus petite, ce qui lui permet de couvrir les zones plus difficilement atteignables.

 

Pourquoi une nouvelle drague pour 2019 ? 

 

Début 2019, la Maqueline sera remplacée par une nouvelle drague dite "à injection d’eau". Cette technique est déjà utilisée dans les ports du nord de l’Europe et à Nantes. Le principe : le bateau est muni d’une sorte de barre de douze mètres de long à l’arrière, percée d’une multitude de petits trous. Cette barre, déposée au fond de l’eau du chenal, est chargée d’injecter une petite pellicule d’eau sous la couche de sédiment. Cela crée une sorte de "tapis roulant", un petit courant sous quarante centimètres de vase qui va s’écouler vers le creux du chenal. L’avantage de cette technique, c’est qu’elle ne nécessite pas de zones d’immersion et qu’elle laisse le sédiment dans le fond du chenal au lieu de l’envoyer partout dans la colonne d’eau. Les zones d’immersion remettent de la matière en suspension dans la colonne d’eau, il y a quand même un petit engraissement à ces endroits, d’où l’avantage de les supprimer à terme.

 

Combien ça coûte ? 

 

L’entretien de l’estuaire coûte 14 millions d’euros par an. Un coût cependant pris en charge à hauteur de 10 millions d’euros par l'État. La politique de dragage étant la mission n° 1 des grands ports maritimes, l'État, dans sa mission de sécurisation de ses accès nautiques à ses ports, prend en charge la majeur partie des dépenses.  

 

Que se passerait-il si il n’y avait pas de dragage ? 

 

Aujourd’hui, on drague 7 millions de mètres cube par an ce qui nous permet d’accueillir de plus gros navires de plus de 10 mètres dans le port de Bordeaux. Si demain on arrête les dragages, en six mois, un an, la rivière reprend son chenal naturel, et on ne pourrait plus faire monter et descendre les bateaux comme on le veut. On stopperait donc le trafic de bordeaux à 70 %. 

 

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© Port maritime de Bordeaux
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